Un tour d’horizon de la situation économique du département apporte plusieurs nouvelles encourageantes.
Malgré les nombreuses incertitudes qui pèsent sur l’économie mondiale (guerres commerciales, Brexit, crainte d’une récession en Allemagne...), la croissance française paraît mieux résister que celle de plusieurs pays voisins. Le PIB devrait progresser de 1,3 % en 2019 (1,7 % en 2018). La baisse du chômage ainsi que les mesures fiscales en faveur du pouvoir d’achat, entrées en application en début d’année, commenceraient tout juste à faire sentir leurs effets sur la consommation des ménages. Mais surtout les entreprises, et aussi les administrations publiques, renforcent leurs investissements, favorisés par des taux de crédit en baisse. L’activité des entreprises s’en trouve plutôt affermie, adossée à une demande intérieure plus robuste.
La situation du Loir-et-Cher ne se démarque pas tellement de cette tendance nationale, excepté sur quelques points. L’économie parait plus dynamique mais plusieurs indicateurs, et pas des moindres, demeurent négatifs.
Dynamisme des entreprises
L’activité des entreprises locales est désormais mieux orientée, avec un rythme de progression des chiffres d’affaires particulièrement soutenu et que l’on n’avait pas observé depuis longtemps (+ 5,9 % en 12 mois, à fin septembre), plus élevé que celui de la région et du pays ; le constat était inverse il y a un an. L’activité réalisée à l’export est elle aussi en hausse (+ 4,5 %), ce qui est important car elle tend à doper la croissance des établissements qui la pratiquent.
Globalement, la situation des entreprises semble s’améliorer. Les défaillances constatées sont moins nombreuses : 135 au cours du premier semestre 2019, soit l’un des meilleurs résultats de ces 14 dernières années. Les cas de difficultés financières se situent à un niveau assez bas comme semble en attester l’un des plus faibles volumes de cotisations sociales en retard de règlement enregistrés en 10 ans (au 2ème trimestre). En revanche, ces améliorations n’ont à ce jour pas de répercussions tangibles sur l’investissement et sur l’emploi.
Le volume des investissements des entreprises continue de fléchir de manière inquiétante depuis plusieurs années : - 2,8 % sur 12 mois, alors qu’il augmente globalement en région et surtout en France. Toutefois, les indicateurs du printemps apporteraient quelques espoirs dans ce domaine.
Moins d'emplois perdus
La décrue de l'emploi observée depuis plusieurs trimestres en Loir-et-Cher semblerait s'estomper : 90 postes salariés du secteur privé non agricole ont été perdus en 12 mois (- 0,1 % en rythme annuel à fin juin ; France : + 1,4 %) alors que les premiers résultats du second trimestre 2019 (encore provisoires) montrent un gain de 80 emplois. Cette évolution correspond essentiellement au recul de l’intérim et à la perte de quelques postes dans l’industrie tandis que les secteurs de la restauration et de l’hébergement, du commerce et des services embauchent. Les emplois relevant de la MSA (activités agricoles notamment) sont globalement stables.
Construction : les voyants presque rouges
Le secteur de la construction, qui avait lentement retrouvé des couleurs, a effectué des embauches (solde net de 120 emplois sur 12 mois ; rappelons qu’il a perdu le quart de ses effectifs en 10 ans). Mais les mises en chantier de logements et de locaux non résidentiels sont de nouveau en baisse en rythme annuel et les volumes concernés apparaissent très faibles, se situant à un niveau historiquement bas ; la construction de logements collectifs est quasi atone.
Baisse significative du chômage
Les pertes d’emplois n’entravent pas la tendance au reflux du chômage. Le taux du Loir-et-Cher est désormais de 7,1 % (et même de 6,6 % dans le Vendômois), nettement inférieur au taux national ; il est le plus faible de la région. Fin septembre, le département comptait 13 740 demandeurs d’emploi de catégorie A (sans activité dans le mois), soit environ 1 500 de moins qu’en 2016 ; sur les 12 derniers mois, le recul est particulièrement marqué (plus de 5 %). Les rangs des catégories B et C (activité partielle) amorcent une phase de stabilisation cependant les allers-retours entre emploi et chômage restent présents ; la précarité dans l’emploi demeure importante.
RSA : légère augmentation des allocataires
Toutefois le nombre de foyers allocataires du RSA augmente légèrement (6 862 fin juin 2019, soit + 0,8 % en une année) mais il reste très en-deçà de son niveau observé début 2016 (proche de 7 400). Les sorties du dispositif progressent (+ 2,9 % en 1 an) mais sont insuffisantes pour compenser la hausse vigoureuse du nombre des entrées (+ 8,8 %). La part de la population couverte demeure néanmoins plus faible qu’en moyenne métropolitaine. Le taux de pauvreté est de 12,8 % fin 2016 (dernier chiffre disponible) ; il est stable par rapport à 2015, comme en région, alors qu’un léger recul est observé pour l’ensemble de la France métropolitaine ; de fait, le Loir-et-Cher perd 3 places au classement et se place au 29ème rang des 96 départements (région : 13,2 % ; France métropolitaine : 14,7 %).
La situation actuelle apparaît donc très paradoxale : le territoire perd des emplois alors que l’activité des entreprises progresse et que celles-ci se heurtent à d’importantes difficultés de recrutement, lesquelles sont encore accentuées par la concomitance du recul du chômage et de l’arrivée à l’âge de la retraite d’actifs de plus en plus nombreux. S’ajoute à cela une inversion de la dynamique démographique du fait du vieillissement de la population mais aussi d’un amoindrissement des apports migratoires résidentiels (et donc des actifs) ; le Loir-et-Cher perd désormais des habitants (environ 2 000 depuis 2016). La question de l’attractivité du territoire se pose par conséquent avec une acuité particulière.