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Conjoncture économique : une vision encore brouillée

 

La crise sanitaire actuelle et la crise économique sans précédent qu’elle a engendrée font peser de multiples incertitudes sur l’économie mondiale, donnant une faible visibilité à la conjoncture des prochains mois. Les situations sont à la fois contrastées et rapidement évolutives dans les différentes parties du monde et parmi les grands partenaires de la France. Les avis des experts sont partagés sur l’ampleur des répercussions à venir et leurs prévisions sont fréquemment révisées mais tous s’accordent sur quelques points : le PIB de notre pays devrait reculer fortement (de 8,7 % pour l’ensemble de l’année 2020 selon la Banque de France) et ne retrouverait son niveau de 2019 qu’en 2022 ; les destructions de postes seraient importantes, de l’ordre de 720 000 sur un an (- 2,3 %), bien que largement atténuées par les mesures d’urgence prises pour protéger les salariés ; le nombre des demandeurs d’emploi pourrait flamber avec la crainte d’un retour d’un chômage structurel élevé ; les défaillances d’entreprises devraient s’accélérer en fin d’année et être plus nombreuses que celles intervenues lors de la crise de 2008-2009…

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Le Loir-et-Cher n’échappe hélas pas à ce contexte. Le sentiment d’une vision brouillée de la situation actuelle et à venir y est aussi largement partagé. Les statistiques disponibles localement en ce mois de septembre ne rendent compte que très partiellement des évolutions à l’œuvre, aux impacts à la fois rapides et importants.

L’incidence sur l’emploi n’est connue que jusqu’à fin juin 2020, et seulement pour les salariés du secteur privé non agricole : le Loir-et-Cher aurait ainsi perdu 2 650 postes au cours du premier trimestre 2020 puis 450 au cours du deuxième. En un an le recul est de 3,3 %, soit une situation proche de celle de la région mais moins favorable qu’au niveau national où la baisse est de 2,7 % ; au sein du département, le Vendômois semble avoir mieux résisté (- 0,9 %, l’une des deux situations les moins défavorables parmi les zones d’emploi de la région) à l’inverse du Romorantinais (- 4,9 %) ; - 3,1 % pour le Blaisois.

A l’exception du commerce, tous les secteurs ont accusé des pertes au cours du premier semestre 2020, plus particulièrement celui de la restauration-hébergement (650 postes salariés, soit près de 17 % de ses effectifs) qui présente la situation la plus dégradée de la région ; l’industrie perd 310 salariés, les services 940. Le travail temporaire, premier levier d’ajustement de la main d’œuvre, est le plus touché, un poste sur quatre ayant été supprimé (près de 1 200 en 6 mois), mais l’intérim a fortement rebondi au deuxième trimestre, signe d’une reprise de l’activité.

De fait, le dispositif d’activité partielle a amplement amorti les effets de la crise sur l’emploi et a concerné, au plus fort de la période, près de 4 400 établissements employeurs ; en juin 30 300 salariés étaient indemnisés. Le recours au dispositif s’est logiquement réduit dans le courant de l’été : 880 établissements étaient encore indemnisés en août pour un total de 9 540 salariés en activité partielle. Depuis mars, le volume global d’heures pris en charge représente environ 8 800 équivalents temps plein.

La crise sanitaire est intervenue dans un contexte assez favorable sur le marché de l’emploi. Fin mars, le taux de chômage du Loir-et-Cher était de 6,4 %, à son plus bas niveau depuis 10 ans et parmi les plus faibles de métropole. Le taux n’est pas encore connu pour le second trimestre mais le nombre de demandeurs d’emploi a augmenté de 6 % au cours de cette période, une situation sans doute en trompe-l’œil, un grand nombre de personnes ayant renoncé à chercher un emploi pendant le confinement et la période estivale. Plus de 26 350 demandeurs étaient inscrits fin juin (catégories A, B et C), soit une faible hausse en rythme annuel (+ 1,2 %), dont 17 100 pour la seule catégorie A (sans aucune activité), en très forte augmentation (+ 23 %).

L’orientation de l’activité des entreprises de Loir-et-Cher parait aujourd’hui assez contrastée, et peu étayée par des chiffres qui peuvent par ailleurs se révéler trompeurs. Les difficultés paraissent plus prégnantes dans certaines branches industrielles ainsi que dans l’hôtellerie et la restauration. Les défaillances enregistrées au cours du premier semestre sont très peu nombreuses du fait même de l’activité réduite du tribunal de commerce et du report des demandes d’ouvertures de procédures collectives ; le second semestre sera vraisemblablement tout autre, même si les différents dispositifs de soutien aux entreprises (reports d’échéances fiscales, prêts garantis, aides exceptionnelles, etc.) ont permis à beaucoup d’entre elles de mieux résister.

Selon les enquêtes récentes menées localement plus de la moitié des établissements n’ont pas réalisé en juillet et août leur chiffre d’affaires de la période estivale précédente ; un quart déplore de fortes difficultés financières ; les deux tiers disent avoir annulé ou reporté leurs projets d’investissement. Beaucoup s’inquiètent de n’avoir aucune ou qu’une très faible visibilité sur l’activité des prochains mois… Toutefois l’économie devrait être plus vigoureuse à l’automne et le bilan touristique de l’été a été plutôt bon.

Il est également trop tôt pour mesurer l’impact de la crise sur le plan social, qui apparait souvent avec un temps de décalage. Comme déjà constaté sur le marché du travail, les entrées et plus encore les sorties du dispositif RSA se sont fortement réduites pendant le confinement, conduisant à un accroissement significatif du nombre des foyers bénéficiaires : plus de 7 200 en août dernier contre environ 6 700 en janvier.

Difficile par conséquent de prédire quelle sera la situation locale en fin d’année. Avant l’émergence de la crise sanitaire, la plupart des indicateurs étaient (enfin) passés au vert et le problème majeur auquel devait faire face le territoire était lié aux difficultés d’embauche grandissantes des entreprises. Au-delà des soubresauts attendus pour les prochains mois, il parait vraisemblable que cette question revienne très vite au cœur des préoccupations. Une autre crainte concerne aussi la capacité de résilience de nos économies locales, tant on se souvient que le Loir-et-Cher, à l’instar de la région Centre-Val de Loire mais à la différence de l’ensemble du pays, avait longtemps peiné à retrouver puis dépasser son niveau d’activité d’avant la crise de 2008-2009.

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