La conjoncture économique s'éclaircit

La crise pandémique a engendré des turbulences sans précédent sur l’ensemble de la planète. Plus d’une année et demie après son apparition, vague après vague, elle sévit encore lourdement dans la plupart des pays, grippant les engrenages complexes de l’économie mondiale. En France, l’arsenal gouvernemental mis en œuvre pour accompagner les entreprises, faciliter le maintien de leurs effectifs et limiter les faillites a permis de limiter les dégâts malgré un recul vertigineux et inédit de l’activité (perte de 8 points de PIB). Le mur des faillites tant annoncé et redouté ne s’est pas matérialisé. Le temps est à présent au redémarrage, avéré depuis le début de l’année, dopé par un effet de rattrapage qui devrait s’estomper peu à peu. Le PIB devrait dépasser les 6 % en 2021 et l’économie pourrait retrouver son niveau d’avant-crise avant la fin de l’année. Beaucoup d’indicateurs conjoncturels sont passés au vert, dont certains suscitent l’étonnement (chômage très contenu et en baisse, niveau historiquement bas des défaillances d’entreprises…). Mais de nouvelles tensions apparaissent pour les recrutements et les approvisionnements, désorganisant les productions et faisant craindre un retour de l’inflation.

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Tous ces éléments sont également constitutifs du paysage économique local qui au final se singularise très peu. Les statistiques ne sont pas encore toutes publiées pour le premier semestre 2021 ; celles disponibles témoignent de la belle dynamique actuelle même si subsistent des points d’inquiétude, parfois forte.

Beaucoup d’emplois ont été détruits durant les six premiers mois de 2020, touchant tout particulièrement le secteur privé marchand ; une bonne partie a été reconstituée depuis. Dans les activités relevant de l’URSSAF, 2 000 postes ont été créés entre l’été et le printemps dernier, alors que 2 900 avaient été supprimés au démarrage de la crise sanitaire. On remarque que la hausse (+ 2,7 % en tendance annuelle) est sensiblement plus élevée que celle de la région et surtout de la France. Au sein du département les situations sont très contrastées : la zone d’emploi de Blois enregistre l’un des deux meilleurs résultats de la région (+ 4 %), celle de Romorantin-Lanthenay, l’un des trois plus négatifs (- 0,7 %) ; celle de Vendôme est également positive (+ 1,7 %). Le solde par rapport au volume d’emplois d’avant-crise était encore largement négatif fin mars mais il s’est probablement beaucoup réduit car on constate que les recrutements se sont très nettement multipliés depuis.

Cette dynamique d’emploi n’est pas partagée par tous les secteurs. Elle est alimentée surtout par l’intérim qui a retrouvé au printemps son niveau de 2019, marquant ainsi le retour à une situation quasi normale pour de nombreuses activités. La construction poursuit sa croissance, après il est vrai plusieurs années difficiles avec de faibles volumes de chantiers. Sans surprise la reprise n’a d’abord pas touché l’hôtellerie et la restauration qui, à fin mars, avaient perdu plus de 16 % de leurs effectifs depuis le début de la crise (situation la plus dégradée de la région). L’industrie a continué à supprimer des postes.

Le chômage n’a pas explosé : son taux reste maîtrisé et demeure stable pour le Loir-et-Cher à un niveau relativement bas (6,4 %, soit le plus faible de la région et parmi les plus bas du pays ; 5,9 % pour la zone d’emploi de Vendôme). Pourtant, le nombre cumulé des demandeurs d’emploi des catégories A, B et C (sans emploi, disponibles, ayant travaillé ou non dans le mois) a augmenté de plus de 5 % entre début 2020 et fin mars 2021 ; et ces chiffres ne prennent pas en compte les chômeurs en formation (catégorie D) dont le nombre a fortement augmenté à l’automne. Au total, 27 000 personnes relèvent de l’une de ces catégories.

Globalement, l’activité des établissements locaux est aujourd’hui bien orientée. Les carnets de commandes sont de nouveau bien remplis. Le volume des chiffres d’affaires et des investissements réalisés a nettement progressé et dépassé les seuils atteints avant crise. La consommation des ménages est soutenue ; leurs projets immobiliers se multiplient dans le neuf comme dans l’ancien et les volumes de leurs crédits sont à un pic. La création d’entreprise est à son plus haut niveau alors que celui des défaillances, anormalement bas, n’avait plus été aussi faible depuis… 1990. Un rattrapage est toutefois attendu dans les prochains mois pour ce dernier indicateur, alors que s’estompera le soutien exceptionnel apporté par l’Etat et que sera venu le temps des remboursements (prêts garantis, dettes sociales).

Toutes les enquêtes locales récentes mettent en lumière la poursuite de cette dynamique. Les rangs des responsables optimistes, pour leur propre entreprise ou leur secteur d’activité, l’emportent désormais très nettement sur ceux des pessimistes, signe d’une confiance retrouvée et de perspectives qui s’améliorent. La saison estivale a été bonne : 8 prestataires touristiques sur 10 s’en disent satisfaits, malgré la mise en place du passe sanitaire et la faible fréquentation de la clientèle étrangère (mais la clientèle française était au rendez-vous).

Ces enquêtes font ressortir également la prégnance des difficultés de recrutement, touchant une entreprise sur deux, conduisant parfois à renoncer à des marchés. Tout porte à croire que ces tensions devraient encore s’accroître : des intentions d’embauche restant fortes, de gros projets annoncés avec à la clé d’importants effectifs, nécessité de remplacer des nombreux départs à la retraite, un chômage réduit, la baisse de la population départementale et des actifs, la concurrence accrue des territoires voisins (notamment du pôle orléanais). Ces difficultés renvoient aussi à la question aujourd’hui essentielle de l’attractivité du Loir-et-Cher …

La multiplication des embauches constitue une bonne nouvelle pour les acteurs du RSA. Le nombre des foyers allocataires avait bondi à l’automne dernier de 10 % en rythme annuel (effet crise sanitaire), soit 7 656 fin novembre. Depuis, la tendance s’est de nouveau inversée. Le Loir-et-Cher compte 7 309 allocataires fin avril 2021, soit un niveau plus favorable que celui enregistré 5 ans plus tôt. Les  sorties du dispositif sont de nouveau plus nombreuses que les entrées qui ne cessent de reculer depuis novembre 2020 : 364 sorties en moyenne mensuelle au cours du 1er semestre 2021 (près de 350 au cours des cinq années précédentes) contre 266 entrées. Cette évolution devrait se poursuivre.

Peu d’informations sont disponibles sur l’évolution des revenus et de la pauvreté au niveau local depuis le début de la crise sanitaire. Mais l’un des rares indicateurs mobilisables en ce domaine est inquiétant : le nombre des allocataires CAF à bas revenu a progressé de 5,7 % en 2020, soit près d’un millier de ménages supplémentaires. Ils sont désormais 17 500 dans ce cas. La question est de savoir si cette évolution restera provisoire…

L’horizon économique s’est considérablement éclairci et le second semestre devrait être dans la lignée du premier. Des interrogations, des doutes restent posés : sur le devenir de la pandémie et la vigueur de la reprise mondiale, sur l’impact de la sortie du « quoi qu’il en coûte » et la capacité de résilience de notre économie, sur les conséquences sociales de la crise, dont on sait qu’elles se précisent en temps décalé, sur l’ampleur de l’appétence nouvelle pour les territoires ruraux et les perspectives positives qui en découlent... Autant de sujets de vigilance qu’il faudra suivre de près.

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